Vassilissa
On trouve en Russie, en Roumanie, en Yougoslavie, en Pologne, et dans tous les pays baltes, des contes dans lesquels Vassilissa est le personnage principal.
Ce conte représente une carte psychique du fonctionnement souterrain de notre moi intérieur.
Il traite de la transmission ( que chacun peut connaître de père en fils, de mère en fille, ou simplement de personne à personne) du pouvoir primaire, instinctuel, de l’intuition. Il s’agit d’apprendre à s’écouter et de savoir s’écouter.
Pour saisir toute l’importance de ce conte, il faut bien comprendre que les personnages représentent les éléments de la psychée d’une seule personne. Ainsi tous les aspects de l’histoire font- ils partie d’une psychée individuelle en train de subir un processus initiatique et l’élucident- ils. Pour l’interprétation complète, référez vous à « femmes qui courent avec les loups » de C.Pinkola Estés.
LE CONTE :
Vassilissa est une petite fille qui vit avec son père. Sa mère, avant de mourir, lui lègue une poupée qu’elle même tenait de sa mère et lui dit : « Si tu perds ton chemin ou si tu as besoin d’aide, demande ce que tu dois faire à cette poupée. Tu seras assistée. Garde toujours la poupée avec toi. N’en parle à personne. Nourris la si elle a faim. Elle te vient de ma mère, c’est ma bénédiction, ma chère enfant. »
Le temps passe et le père se remarie avec une veuve qui a deux filles. Toutes trois considèrent Vassilissa comme leur esclave, elles la haïssent parce qu’elle est belle et douce, et Vassilissa ne se plaint jamais. Un jour, elles décident de se débarrasser de Vassilissa. C’est l’hiver, elles éteignent le feu et ordonnent à Vassilissa de se rendre dans la forêt pour demander du feu à la sorcière Baba Yaga, et disent : « quand elle sera devant la Yaga, la vieille la tuera et la mangera ! »
Vassilissa se rend donc dans la forêt, sombre et hostile, mais Vassilissa a avec elle la poupée.
Dès que la petite fille est effrayée elle touche la poupée et se sent rassurée ; dès qu’il y a une bifurcation Vassilissa demande à la poupée si elle doit aller à gauche ou à droite et la poupée lui répond. Vassilissa finit par atteindre l’antre de Baba Yaga.
La Baba Yaga est une créature terrifiante, elle se déplace dans un chaudron volant et sa maison était encore plus étrange qu’elle ( d’immenses pattes de poulet jaunes se baladaient toutes seules, les poignées des portes et des volets étaient faites de doigts et d’orteils humains,…).
Quand Vassilissa arriva, Baba Yaga fondit sur elle avec son chaudron en hurlant : « qu’est ce que tu veux ? »
La petite fille lui explique qu’elle veut du feu, il s’en suit que Baba Yaga lui pose plusieurs questions et lui demande de travailler pour elle avant de lui donner le feu. Les taches données par Baba Yaga sont nombreuses, laborieuses et surtout hors de portées pour l’enfant qui doit réaliser tout cela dans la nuit. Baba Yaga dit : « Si tu accomplis ces tâches pour moi, tu auras le feu, sinon mon enfant, tu mourras. »
A chaque nuit tombante, Vassilissa serrait la poupée contre elle et la poupée lui disait de ne pas s’inquiéter, de manger et d’aller dormir. Au matin, la poupée avait fait tout le travail.
Plusieurs jours passent et chaque nuit la poupée s’occupe de tout ; jusqu’au jour où Baba Yaga dit : Tiens ! Baba Yaga prit à sa barrière un crâne aux yeux ardents et le plaça sur un bâton. Tiens ! Emporte ce crâne chez toi au bout d’un bâton. Voilà, c’est ton feu. Ne prononce pas un mot de plus. File »
Vassilissa repris donc le chemin et sa poupée la guidait.
Lorsqu’elle arriva dans sa maison, sa belle mère et ses filles se précipitèrent sur elle, quasi mortes de froid. Vassilissa entra dans la maison avec un sentiment de triomphe, car elle avait survécu à son dangereux voyage et rapporté le feu. Mais le crâne fixa son regard incandescent sur la marâtre et ses filles, et ne les quitta plus des yeux si bien qu’au matin il avait réduit le cruel trio en cendres.
Concernant « ma » Vassilissa, je l’ai représentée très simplement avec sa poupée, qu’elle tient par les pieds, l’air inquiet, mais prête à partir vers cet inconnu, à affronter ses peurs, à accepter l’initiation.